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Dévoilement de la plaque sur la tombe du caporal Ryszard Chaniewski

27.08.2020

Lors des commémorations traditionnelles du mois d’août au cimetière militaire polonais d’Urville-Langannerie une plaque avec le nom du caporal Ryszard Chaniewski a été dévoilée sur sa sépulture, jusqu’à présent anonyme. La tombe a été identifiée après de nombreuses années de recherche. Le caporal Chaniewski a été pilote de char au sein de la 1ère Division Blindée du général Stanisław Maczek.

kapral Ryszard Chaniewski

Identification de la tombe

La recherche historique qui a permis d’identifier la tombe a été menée par le Département du Patrimoine Culturel et des Pertes de Guerre du Ministère polonais de la Culture en coopération avec Monsieur Adrian Pohl, historien, notamment grâce à la bienveillance de la Commonwealth War Graves Commission, du Ministère de la Défense de la Grande-Bretagne ainsi que de l’Institut Polonais et Musée Sikorski de Londres qui ont partagé leurs archives.

La plaque nominative sur la sépulture du caporal Ryszard Chaniewski a été dévoilée le 23 août dernier par le consul de la République de Pologne à Paris Andrzej Szydło, le general de brigade Dariusz Parylak, commandant en chef de la 11ième Division de Cavalerie Blindée de Lubin ainsi que le sous-préfet de Vire Monsieur Pierre-Emmanuel Simon. Ont pris part à la cérémonie le père Bogdan Brzyś, recteur de la Mission Catholique Polonaise, les délégués de l’Armée polonaise, les porte-drapeaux ainsi que les représentants de la communauté polonaise et les habitants de la région.

La biographie du caporal Chaniewski a été lue par le lieutenant-colonel Dariusz Pita. Cette cérémonie prouve que la République de Pologne se souvient de ses héros tombés au champ d’honneur. En nous recueillant sur le tombeau du caporal Ryszard Chaniewski, nous témoignons qu’aucun soldat ne peut tomber dans l’oubli. Chaque soldat tombé est digne de prendre sa place dans les annales de l’histoire et de recevoir un lieu de repos. Ses mérites pour la République de Pologne souveraine doivent être honorés et commémorés – a dit le lieutenant-colonel Pita. Pour clôturer la cérémonie, les caporaux de la 10ième Brigade de la Cavalerie Blindée ont allumé une bougie sur la tombe de Chaniewski.

Biographie du caporal Ryszard Chaniewski

Ryszard Chaniewski est né le 19 janvier 1913 à Białystok où il a également fait ses études. Ayant prêté serment le 12 décembre 1934, il a été affecté au 4ième Bataillon Blindé au sein duquel il a suivi une formation de conducteur. Le 7 septembre 1935, il a achevé ses études à l’école des sous-officiers. Le 10 septembre 1936 il a été élevé au grade de caporal. Avant la Seconde Guerre mondiale il habitait à Grodno et exerçait le métier de tourneur. Il n’a pas participé à la Campagne de Septembre en 1939. En revanche, le 25 novembre 1939, en France, il a été affecté au 1er Régiment des Chars stationnant à Coetquidan. En juin 1940, il a été évacué vers la Grande Bretagne, où il a été définitivement affecté au 2ème Régiment Blindé, faisant partie de la 1ère Division Blindée, utilisant les chars Sherman. Il est retourné en France avec son régiment le 1er août 1944. Il souhaitait rentrer par la suite dans son pays natal.

Le 8 août 1944 la 1ère Division Blindée s’est jointe au combat. Les chars du 2ème Régiment Blindé devaient jouer le rôle crucial pour casser la défense allemande près de Saint-Aignan de Cramesnil et de Soignolles. Son commandant le lieutenant-colonel Stanisław Koszutski a reçu alors un ordre „Foncer vers la fumée des dernières bombes et missiles”. Cette charge extrêmement sanglante a très bien été racontée par son commandant: Devant et autour de nous un enfer d’explosions. L’artillerie et les mortiers nous attaquent. Le premier escadron brûle. Il me semble que les 16 chars sont en feu. Les volutes de fumée noire forment un nuage au-dessus du champ de bataille. Quelques volutes de fumée sont visibles sur le sommet de la côte de Soignolles. J’en déduit que les chars sont parvenus à leur objet ! Oui. Le premier escadron blindé a enfoncé les positions allemandes, a fait battre en retraite l’infanterie, a écrasé l’infanterie, a écrasé les servants de canons avec les chenilles des chars en feu. Toutefois, aucun char n’est sorti rescapé de cette opération.

Ce jour-là, le 2ème Régiment Blindé n’a pas atteint son objectif et il a perdu 22 chars lors de la bataille de Saint-Aignan de Cramesnil et de Soignolles. 6 autres ont été fortement endommagés. Le régiment a compté ce jour-là 10 tués, 31 blessés et 11 disparus, parmi  lesquels le caporal Ryszard Chaniewski, pilote de char, tombé au combat.

La vue des chars en feu a très fortement marqué le lieutenant-colonel Stanisław Koszutski qui a observé le combat de son régiment. Bien d’années après il s’en rappelait ainsi : Le feu dévore les chars impactés. Les hommes sautent des véhicules en flammes. Les vivants sortent les blessés. Leurs uniformes brûlent sur eux en les transformant en torches. Après avoir sauté, la torche humaine se roule par terre en essayant d’éteindre le feu qui l’envahit ou court comme une folle en secouant ses mains pour éteindre les flammes qui ont gagné son visage et ses vêtements. Les torches vivantes : des mouvements non coordonnés d’une danse de la mort incroyable, cauchemardesques et grotesques en même temps. Ils courent jusqu'à ce qu’ils soient fauchés par une rafale de mitraillette allemande. Certains chars en flammes continuent à avancer après avoir été abandonné par leur équipage. Peut-être que le pilote n’a pas sauté et n’a pas arrêté son véhicule, peut-être c’est juste la jambe d’un cadavre qui appuie sur la pédale de gaz, peut-être que le pilote ne sait pas encore que la tourelle est déjà en flammes […] Je regarde cette image comme hypnotisé, avec la gorge serré par la terreur, comme étouffé par un cerclage de fer.

Le destin de la famille du caporal Ryszard Chaniewski a été également dramatique car ni son frère ni sa sœur n’ont survécu à la guerre. En 1939, son frère ainé, le sous-lieutenant Henryk Chaniewski a été fait prisonnier des Soviétiques, pour être ensuite assassiné en 1940 d’une balle dans la tête à Katyń. Sa sœur Jania est décédée en 1941, et ses parents ont été déportés en 1940 au Kazakhstan, où son père est mort. Seule la mère de Ryszard ainsi que les deux enfants de sa sœur ont survécu à la guerre.  Sa mère, Amelia, n’a jamais eu la chance de voir les tombes de ses fils, et le seul souvenir qui lui restait de Ryszard du champ de bataille, était une photo de lui en Ecosse. 

Les photos (12)

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