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Journée nationale en mémoire des Polonais ayant sauvé des Juifs

24.03.2021

Le 24 mars, la Pologne célèbre la Journée nationale en mémoire des Polonais ayant sauvé des Juifs sous l'occupation allemande. Parmi de nombreux Polonais qui ont porté secours à la population juive, des diplomates polonais ont également contribué à cette action. L'un des plus impliqués dans l'aide à la population juive menacée d'extermination pendant la Seconde Guerre mondiale était le « groupe Ładoś » constitué des membres du service diplomatique polonais en mission en Suisse. En France, les diplomates polonais se sont également inscrits dans l'Histoire.

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Seconde Guerre mondiale

La Seconde Guerre mondiale a menacé la vie de millions de personnes. Elle a remis en question les valeurs de la civilisation moderne, mis en cause les traditions et les liens sociaux et anéanti de nombreux biens culturels d’une valeur inestimable. Parmi ses plus grandes tragédies, celle du peuple juif, condamné à l'extermination par les idéologues du fascisme allemand, occupe une place singulière et ne peut être comparée à la situation d'aucune autre communauté en Europe occupée. Après la déclaration de la guerre, la persécution anti-juive, qui est apparue en Allemagne dès le milieu des années 1930, est devenue une pratique dans tous les pays occupés ou dominés par le IIIe Reich. La situation en Pologne occupée par l'Allemagne était d’autant plus dramatique que, avant 1939, le pays était habité par 3,5 millions de Juifs, qui de ce fait constituaient la plus grande concentration de Juifs d'Europe et la deuxième communauté juive du monde après les États-Unis. En cette Pologne occupée, le génocide nazi a pris une tournure d'une véritable industrie de la mort incarnée par les plus importants camps de concentration et d'extermination allemands.

Au début de la guerre, seuls quelques Juifs ont réussi à quitter le territoire de la Pologne occupée durant la vague migratoire de septembre. Dans les zones occupées par le IIIe Reich, les membres de la communauté juive, prédéfinie selon les critères raciaux des lois de Nuremberg, ont été privés de tous les droits civiques et civils, contraints de vivre dans des ghettos, sévèrement punis pour avoir enfreint les lois discriminatoires et exposés quotidiennement à un danger mortel. À partir de 1941, ils ont subi l’extermination systématique établie en 1942 dans le plan nazi d’annihilation totale des Juifs d’Europe. Jusqu’en 1945, environ 3 millions de citoyens polonais d'origine juive ont perdu la vie dans des camps et des ghettos allemands. Sur les territoires occupés par l'URSS, les Juifs constituaient une part importante parmi les 380 000 citoyens polonais déportés entre 1939-41 en Union soviétique.

Dès les premiers jours de la guerre, les Polonais d'origine juive qui ont réussi à fuir à l'étranger ont reçu l'aide des services consulaires polonais comme tout citoyen polonais. Les missions diplomatiques polonaises leur délivraient des documents d'identité et leur fournissaient une assistance logistique, matérielle et financière. Au fil du temps et avec l'intensification de la répression anti-juive en Pologne occupé et dans d'autres pays européens asservis, la question de l'aide aux Juifs menacés d'extermination a cependant pris une signification particulière pour de nombreuses missions diplomatiques polonaises. L'histoire de ces activités dévoile de multiples exemples du dévouement exceptionnel de nombreux diplomates polonais. Certains ont risqué leur vie ou leur liberté en sauvant des citoyens polonais juifs. D'autres n'ont pas été confrontés à des défis aussi dramatiques. Ils exerçaient leur fonction dans des pays qui leur garantissaient une sécurité personnelle et par conséquent ils ne craignaient pas pour leur situation. Cependant, ils s'engageaient à aider les Juifs d'une manière et dans une mesure qui allaient au-delà de la routine et des normes d’assistance fournis habituellement à leurs concitoyens.

La France

L’échec de la France en 1940 a bouleversé et déprimé des millions de gens. Le 22 juin 1940, les représentants du gouvernement français, humiliés par les Allemands, devaient signer un acte de capitulation dans le même wagon à Compiègne dans lequel l’Allemagne de Kaiser a reconnu son échec le 11 novembre 1918. La France vaincue a été divisée en deux zones: l’une occupée par les Allemands, au Nord de la Loire et le long du littoral Atlantique, l’autre, dite zone libre, dans le Sud, dans laquelle a été créé un État Français entièrement dépendant politiquement et économiquement du IIIe Reich. Ses autorités maintenaient initialement les contacts diplomatiques avec le gouvernement de la République de Pologne en exil. Après l’échec de la France, l’Ambassade de Pologne à Paris ainsi que les consulats dans la zone occupée, ont été fermés. L’Ambassade a repris bientôt son activité à Vichy, siège du gouvernement de l’État Français. Les consulats polonais à Lyon, Toulouse et Marseille, ont également repris leur travail. Hélas, pas pour longtemps : les Allemands ne souhaitaient pas une telle forme des relations polono-françaises. Par conséquent, les relations diplomatiques entre le gouvernement polonais  en exil et le gouvernement de Vichy ont été rompues fin septembre 1940, sous la pression de Berlin.

Les sièges et les fonds du service diplomatique liquidé ont été repris par les Bureaux Polonais, établis avec l’accord des Français, pour continuer à s’occuper des ressortissants polonais mais dont les compétences légales et administratives étaient bien restreintes. Ils ne possédaient pas de statut consulaire bien qu’ils exerçaient les fonctions des anciens consulats. Un représentant clandestin du gouvernement polonais a été accrédité auprès du Ministère des Affaires étrangères et du Ministère de l’Intérieur. Il s’agit de Stanisław Zabiełło, qui a occupé le poste de directeur général des Bureaux Polonais en France. Avant la guerre, Zabiełło travaillait notamment dans les légations polonaises à Belgrade et à Moscou. Ensuite, il a pris le poste de chef du service soviétique au sein de la Section orientale du Ministère polonais des Affaires étagères, puis de directeur adjoint du Département Politique du même ministère. Il était spécialiste des questions soviétiques, toutefois, au cours de la guerre, il a joué un rôle exceptionnel dans l’organisation des actions d’aide pour les ressortissants polonais en France.

Une grande partie des citoyens polonais qui se sont trouvés sous la tutelle de Zabiełło et des Bureaux qu’il dirigeait, étaient des Juifs. Leur situation était dramatique. Une majorité d’entre eux sont arrivés en France en 1921, à la fin de la guerre soviéto-polonaise, et se sont installés dans la région parisienne. Leur communauté comptait environ 100 000 personnes. Nombre d’entre eux « vivaient [en France] pendant des années sans cartes d’identité valables (ils réglaient leurs affaires familiales au sein des kahals) mais ils figuraient dans les registres français comme originaires de Pologne, pays de leur provenance, même s’ils ne connaissaient souvent pas notre langue » se rappelait Zabiełło. Quand les réfugiés juifs contactaient les Bureaux Polonais avant de fuir vers la zone libre afin d’éviter les représailles allemandes et des déportations, ils recevaient de nouveaux documents indispensables, utiles à des fins administratifs, mais également pour obtenir un laissez-passer ou des tickets de rationnement. En 1941, Zabiełło a ordonné aux Bureaux de ne pas hésiter à falsifier des cartes d’identité et à établir des faux certificats d’appartenance à la race aryenne aux ressortissants polonais d’origine juive. Grâce à l’engagement des employés des Bureaux, il a même été possible de libérer certains Juifs arrêtés par la police française.

À part une campagne officielle d’aide aux citoyens polonais, Zabiełło soutenait également des actions illégales organisées par des structures qui lui étaient subordonnées, il construisait des canaux de transmission des moyens financiers de Londres et a créé un système de liaison qui utilisait son propre émetteur radio. Il entretenait également les contacts avec la légation polonaise à Berne, coopérait avec l’Organisation clandestine Polonaise de Lutte pour l’Indépendance. Après l’entrée de l’armée allemande sur le territoire de la zone libre, en novembre 1942, Zabiełło a été arrêté par la Gestapo et déporté à l’issue d’une enquête qui a duré un an, vers le camp de concentration de Buchenwald. Transporté ensuite aux camps de Dora et de Bergen-Belsen, il a frôlé la mort mais il a eu la chance d’être parmi les libérés. Après la guerre, il est rentré en Pologne où il a travaillé à l’Institut Polonais des Relations Internationales et écrit de nombreux travaux historiques. Il est décédé en 1970.

Zabiełło considérait que la personne qui a joué un rôle particulier dans l’action de sauvetage des Juifs était Czesław Bobrowski, « singulièrement doué et habile ». Avant la guerre, celui-ci était agent consulaire au Consulat Général de Pologne à Prague (1925-1926), ensuite fonctionnaire du Ministère de l’Industrie et du Commerce et enfin directeur d’un département du Ministère de l’Agriculture. En 1940, Bobrowski en tant que soldat de l’Armée Polonaise, a été interné en Suisse, cependant il a fui vers la France où il a participé aux travaux de la Croix Rouge Polonaise. En juin 1941, quand, sous la pression des Allemands, la Croix Rouge Polonaise s’est transformée en Société pour la Protection des Polonais en France, Bobrowski est devenu son inspecteur chargé des missions spéciales. Il s’est occupé alors de l’organisation du transfert des Juifs vers la Suisse, qui était à cette époque leur seul asile certain. Les chemins de transfert vers l’Espagne n’étaient plus sûres à cette période-là. Les fugitifs recevaient des passeports polonais établis exprès pour eux par la légation polonaise à Berne. Après la guerre, Bobrowski est devenu président de l’Office Central de Planification en Pologne. Il a été ensuite légataire polonais à Stockholm. En 1948, il a refusé de rentrer en Pologne et a émigré en France. Il est retourné en Pologne en 1956 et est devenu l’un des grands économistes polonais de l’après-guerre. Il est décédé en 1996.

Parmi les personnes qui s’étaient engagées pour faciliter l’évacuation des Juifs de la France, Aleksander Mniszek, Ier secrétaire de l’Ambassade de Pologne à Paris et à Vichy, mérite sans doute une attention particulière. Dans la période de liquidation des missions diplomatiques polonaises après l’échec de la France, le fait d’obtenir des visas de sortie et des visas d’un pays de destination permettait de quitter le territoire de la France avant l’entrée des Allemands. Dans le chaos lié à l’évacuation de Paris, c’était une mission bien compliquée, mais Aleksander Mniszek s’est avéré très efficace pour obtenir une grande quantité des visas français de la part d’un fonctionnaire français employé au Quai d’Orsay. Il servait également d’intermédiaire pour obtenir des faux visas d’entrée de la part de l’ambassadeur du Brésil à Vichy, Luis Martins de Souza Dantas. Ce diplomate de l’Amérique du Sud « établissait sans hésiter des visas d’entrée pour le Brésil dans des tas de passeports diplomatiques, de service et consulaires, que Mniszek lui apportait ». (En 2003, Souza Dantas a rejoint le cercle des Justes Parmi les Nations, pour avoir sauvé en France environ 800 personnes de toute nationalité, dont 425 Juifs). Zabiełło poursuit ses souvenirs : « Sous prétexte d’évacuer une dizaine de personnes de l’ambassade, nous avons envoyé à l’étranger plus de trois cent personnes. Les uns pouvaient vivre heureusement en Occident et être engagés raisonnablement dans la lutte contre l’ennemi allemand (…), les autres se sauvaient contre le danger de tomber entre les mains des Allemands. Quant aux Juifs – ils fuyaient une mort certaine ». Au début de sa carrière, avant la guerre, Mniszek travaillait au Consulat Général de Pologne à Minsk, ensuite en tant que conseiller au Protocole Diplomatique. Avant de prendre son poste à l’Ambassade de Pologne en France, il était chef du secrétariat du Premier ministre Władysław Sikorski. Après la fermeture de l’ambassade et l’évacuation de son personnel vers la Grande-Bretagne, il est devenu en septembre 1941, conseiller juridique et chef de protocole à l’Ambassade de de Pologne, récréée à Moscou. Il y poursuivait sa mission jusqu’à la rupture des relations diplomatiques polono-soviétiques en avril 1943, et négociait avec les Russes les conditions de départ du personnel de la mission diplomatique polonaise. Après son retour à Londres, il a continué son travail au sein du Ministère des Affaires étrangères. Il est décédé en 1972.

Le groupe Ładoś

Sans aucun doute, l'un des plus impliqués dans l'aide à la population juive menacée d'extermination pendant la Seconde Guerre mondiale était le « groupe Ładoś », le service diplomatique polonais opérant en Suisse.

Avant la Seconde Guerre mondiale, la mission diplomatique polonaise à Berne ne jouait pas de rôle majeur dans la politique étrangère de la République de Pologne. Les relations bilatérales polono-suisses pouvaient être difficilement qualifiées d’intenses, bien que la Pologne ait ouvert sa représentation diplomatique à Berne dès 1919 et que les Suisses aient établi leur mission à Varsovie en 1921. Dans l'entre-deux-guerres, aucun des politiques polonais n'a rendu visite à leur homologue suisse et aucune délégation suisse n'est venue en Pologne.

Après le début de la guerre, malgré la pression allemande, les autorités bernoises n'ont pas accepté de fermer la représentation polonaise. Il s'est rapidement avéré que les actions de la légation polonaise dépassaient largement les frontières de la Suisse neutre. Elles sont devenues particulièrement visibles après 1941 lorsque l'Allemagne a conquis ou dominé presque tous les pays européens.

En effet, la légation dirigée à partir d'avril 1940 par Aleksander Ładoś est devenue pour le gouvernement polonais à Londres le maillon central de la chaîne de transmission d'information, de correspondance et de ressources financières pour la majorité des réfugiés polonais dans les États satellites ou conquis par l'Allemagne. Parmi les personnes visées par les actions d'aide de la légation polonaise les personnes d'origine juive constituaient le groupe le plus important durant quasiment toute la période de la guerre. La campagne d’aide aux Juifs dans la Pologne occupée était d'une importance particulière. La représentation diplomatique, en coopération avec le Comité international de la Croix-Rouge, a participé au transfert de biens et de médicaments, a recueilli et transmis des informations et mis à la disposition des organisations suisses et américaines aidant les Juifs en Pologne les moyens de communication dont elle disposait.

Entre 1940 et 1943, le « groupe de Berne » dirigé par A. Ładoś et dont les membres étaient le premier secrétaire puis le conseiller de la légation Stefan Ryniewicz, le vice-consul Konstanty Rokicki, l'attaché Juliusz Kühl, ainsi que les représentants de la communauté juive : le marchand Chaim Eiss et l'avocat Abraham Silberschein, s'impliquait activement et avec une grande détermination dans l'opération consistant à délivrer de faux passeports latino-américains aux Juifs en péril.

En maintenant des contacts au plus haut niveau avec les politiques polonais, suisses et les principaux militants des organisations juives européennes et américaines, les représentants de la légation polonaise ont non seulement fourni une protection diplomatique à l’action susmentionnée. Ils ont également rédigé eux-mêmes de faux passeports confirmant la nationalité étrangère aux autorités allemandes. Les récipiendaires des passeports pouvaient donc espérer ne pas être transportés par les Allemands dans les camps de concentration mais être placés, en tant qu'étrangers, dans des camps d'internement.

C'est l'une des pages les plus glorieuses de l'histoire de la diplomatie polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

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La confection des passeports a pris une importance particulière après mai 1943, lorsque le soulèvement du ghetto de Varsovie a été réprimé. Himmler, le chef des SS et de la police allemande, a alors décidé d'accélérer le processus d'extermination d’environ 300 000 Juifs restés en vie et de liquider tous les ghettos sur le territoire polonais occupé. Malheureusement, de nombreux documents produits à Berne ne sont pas arrivés à temps. Après la liquidation du ghetto de Varsovie, le bureau de poste rue Zamenhof n’a cessé de recevoir des lettres en provenance de la Suisse comprenant des documents certifiant la citoyenneté des pays d'Amérique du Sud des personnes déjà mortes lors du soulèvement du ghetto ou transférées à Treblinka. Les documents suisses sont alors devenus l’objet d’un trafic des informateurs de la Gestapo faisant miroiter aux Juifs l'espoir de survivre. Parmi les 2 000 personnes qui, espérant obtenir ce document salutaire, se sont rassemblées à l'Hôtel Polski de Varsovie et ont généreusement payé pour leur « sauvetage », presque toutes ont été transférées au camp de Bergen-Belsen ou de Pawiak dans la première moitié de juillet 1943.

À la fin de 1943, la confection de passeports cesse peu à peu. L’Office des Affaires étrangères du IIIe Reich a par ailleurs entrepris la vérification de l'authenticité des documents détenus par les Juifs considérés comme des étrangers. Au printemps 1944, après la contestation d'authenticité des passeports « suisses », les Juifs jusqu’alors enfermés dans les camps d'internement de Vittel et de Compiègne ont été transportés à Auschwitz et Bergen-Belsen.

Après avoir démasqué de nombreux faux documents, Ładoś a demandé à plusieurs reprises au Ministère des Affaires étrangères polonais d'intervenir auprès des gouvernements des pays d'Amérique du Sud, de reconnaître, face à la nécessité majeure, la validité des passeports confectionnés par le « Groupe de Berne » et de protéger ainsi leurs « citoyens » de la déportation. Ces actions ont été soutenues par la diplomatie des États-Unis et du Saint-Siège, mais n’ont malheureusement eu que très peu de résultats. Bien que la validité des passeports ait été reconnue par les autorités chiliennes et paraguayennes, les Allemands avaient déjà transféré leurs détenteurs dans des camps de concentration. Ceux transportés à Auschwitz sont morts. Mais le camp de Bergen-Belsen, peu de temps avant sa libération, aurait compté plus de 1 100 récipiendaires de passeport du « groupe Ładoś».

Jusqu'à la fin de la guerre, la légation polonaise à Berne a entrepris des mesures pour sauver les Juifs de leur extermination. L’été 1944, sur ordre du gouvernement polonais, Ładoś sollicita les autorités suisses pour une intervention contre le gouvernement de Budapest concernant la persécution des Juifs de Hongrie. En 1945, la légation polonaise a participé à des négociations secrètes menées par des organisations américaines peu avant la fin de la guerre avec Heinrich Himmler concernant une tractation financière liée à la libération des survivants Juifs des camps de concentration.

Le bilan exact de l'opération de sauvetage par des diplomates polonais à Berne à l'aide de passeports sud-américains reste inconnu. Les chiffres divergent en fonction des sources. Sur chacun des 1 066 passeports paraguayens, remplis à la main par le consul Konstanty Rokicki, figuraient en moyenne deux noms. Les documents auraient donc protégé au moins 2 100 personnes. En outre, des certificats de citoyenneté paraguayenne ont été rédigés pour plusieurs milliers de Juifs, sans passer par la confection des passeports.

Selon les données de l'Institut Pilecki, 2 987 noms figurent sur la liste des personnes ayant reçu des passeports ou des certificats de citoyenneté fabriqués par le groupe Ładoś (chiffre renseigné au 24 octobre 2019). Les données collectées comprennent également les noms de 275 membres de familles anonymes. Selon l'Institut, les noms de 5 000 à 7 000 titulaires de faux passeports reste toujours inconnus.

Le 21 janvier 2021, la Diète de la République de Pologne a adopté une résolution déclarant l’année 2021 l'année du groupe Ładoś.

Ministère des Affaires étrangères de Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale

Après la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, le ministère des Affaires étrangères polonais a continué d’être un instrument essentiel de la politique menée à l’international par les autorités polonaises et a joué un rôle clé dans l'action d'aide aux citoyens polonais dans toutes les régions du monde. À l'automne 1939, le gouvernement du général Sikorski avait à sa disposition un vaste réseau de missions diplomatique et consulaires avec leurs diplomates en poste, ainsi qu’un grand nombre d'employés du siège du Ministère qui ont réussi à partir de Pologne avant que l’occupation allemande puis soviétique ne débute.

La direction du ministère des Affaires étrangères et les diplomates des représentations à l’étranger ont assuré toutes les missions habituellement assignées dans le cadre des relations internationales. Toutefois, certaines tâches sans précédent dans l’histoire du Ministère des affaires étrangères, résultant des circonstances de la guerre, ont revêtu une importance particulière. La prise en charge des milliers de réfugiés polonais dans les pays d'Europe, d'Asie, d'Afrique, d'Amérique et d'Australie ou, menée à grande échelle, l’action d'aide aux Polonais en URSS après la signature du pacte Sikorski-Majski, a dépassé la mission consulaire standard. Les efforts de la diplomatie polonaise, tout au long de la guerre, pour sauver les citoyens polonais d'origine juive de l'extermination ont été un acte d'une grande valeur morale.

Dans des conditions de guerre spécifiques, le ministère des Affaires étrangères était le plus grand service civil du gouvernement polonais en exil. En février 1945, les dirigeants des puissances de la coalition antinazie - Churchill, Roosevelt et Staline - acceptèrent à Yalta de remettre la Pologne dans la sphère d'influence de l'URSS. La reconstruction de l'État polonais indépendant à l'intérieur des frontières d'avant septembre 1939, et donc l'objectif fondamental de la politique menée tout au long de la guerre par le gouvernement et le ministère des Affaires étrangères polonais, s'avéra une tâche impossible.

 

Source: M. Pernal, « Na ratunek! Polscy dyplomaci i akcja pomocy ludności żydowskiej w okresie II wojny światowej ».

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