La transformation et la sécurité énergétiques au coeur de la discussion entre les experts polonais et marocains
20.11.2025
Quels défis et opportunités communs se présentent à la Pologne et au Maroc dans le processus de transition énergétique ?
Une conférence consacrée à la coopération polono-marocaine dans les domaines de la transition énergétique, des technologies vertes et de la sécurité énergétique s’est tenue à Rabat. L’événement a été organisé par l’Ambassade de la République de Pologne au Maroc en collaboration avec le centre d’analyse marocain Policy Center for the New South. Des intervenants et experts de Pologne et du Maroc, issus d’institutions de recherche, de milieux analytiques et du secteur énergétique, y ont participé.
Les discussions ont porté sur les défis communs et les opportunités qui se présentent aux deux pays dans le processus de transition énergétique. Les participants ont examiné les questions liées à la souveraineté énergétique dans un contexte de changement climatique, de hausse des coûts de l’énergie et de pressions géopolitiques croissantes. Ils ont souligné que les deux pays cherchent à développer des systèmes énergétiques stables, à faibles émissions et résilients.
Les experts polonais ont présenté l’expérience de la Pologne en matière de développement rapide des énergies renouvelables, en particulier le photovoltaïque, qui a atteint une échelle importante au cours des dernières années, faisant de la Pologne le deuxième marché PV d’Europe. Ils ont indiqué que le pays aborde une nouvelle étape de sa transition : le passage d’une installation massive d’énergies renouvelables à la création de systèmes efficaces de stockage de l’énergie, indispensables à la stabilité du réseau. Dans ce contexte, le développement des technologies hydrogène a été abordé, notamment les programmes de production d’hydrogène vert et les projets d’infrastructures, dont le port ammoniacal de Świnoujście. Il a été souligné que l’hydrogène et l’ammoniac joueront un rôle dans l’énergie comme dans des secteurs industriels tels que la chimie ou la production d’engrais.
L’énergie nucléaire a occupé une place importante dans les interventions polonaises. Les experts ont présenté les projets de grandes centrales nucléaires menés dans le cadre de coopérations internationales ainsi que le développement des petits réacteurs modulaires (SMR), susceptibles d’être utilisés dans l’industrie et dans le système électrique. Ils ont expliqué que le niveau élevé d’acceptation sociale pour le nucléaire en Pologne découle de la nécessité de sortir du charbon et de l’importance accordée à la sécurité énergétique. Les intervenants ont également rappelé l’expérience polonaise en matière de diversification des approvisionnements en gaz après le déclenchement de la guerre en Ukraine, ainsi que les mécanismes de protection des consommateurs face aux hausses brutales des prix de l’énergie. Ils ont souligné que la transition doit conserver une dimension sociale et inclure les régions historiquement dépendantes de l’énergie conventionnelle.
Les intervenants marocains ont présenté un panorama de la politique énergétique du Maroc, en rappelant que le pays développe depuis plus de dix ans l’un des programmes d’énergies renouvelables les plus ambitieux d’Afrique. Ils ont exposé les réalisations dans le domaine des grandes centrales solaires et éoliennes, dont le projet Noor Ouarzazate, en précisant que de telles installations nécessitent non seulement des investissements technologiques, mais aussi un dialogue social, des infrastructures associées et des programmes visant à améliorer la qualité de vie dans les régions concernées. Ils ont indiqué que la transition énergétique marocaine est étroitement liée à la résilience environnementale, à l’accès à l’eau et au développement local, et que les énergies renouvelables doivent servir de moteur à de nouveaux secteurs industriels.
Les intervenants ont également présenté l’adaptation du système gazier marocain à l’évolution des conditions du marché, notamment par l’utilisation du GNL et le développement de la coopération régionale. Ils ont souligné le rôle croissant de l’industrie marocaine dans les projets d’énergies renouvelables — de la production de composants à la mise en œuvre de nouvelles technologies — ainsi que l’importance des partenariats public-privé pour le développement de compétences techniques nationales. Ils ont présenté des instituts de formation fonctionnant en PPP, spécialisés dans l’énergie solaire, l’éolien et l’efficacité énergétique, ainsi que l’adaptation des programmes de formation aux besoins des nouveaux secteurs énergétiques.
Les deux parties ont également mis en avant la dimension sociale de la transition énergétique, incluant la protection des groupes les plus exposés aux coûts, la lutte contre la précarité énergétique, la stabilité des prix et l’acceptation sociale des nouvelles infrastructures. Les experts ont convenu que la réussite de la transition dépend à parts égales des technologies, des investissements et des mesures d’accompagnement destinées aux régions, aux secteurs et aux travailleurs concernés.
La coopération académique et le développement du capital humain ont constitué un autre volet des échanges. Les intervenants ont souligné l’importance des échanges entre universités et instituts de recherche, des projets pilotes communs et des tests de technologies dans différents contextes climatiques. Ils ont rappelé que la Pologne comme le Maroc disposent de capacités de recherche et d’ingénierie pouvant être mobilisées dans des projets bilatéraux, notamment dans les domaines des énergies renouvelables, de l’hydrogène, de l’efficacité énergétique et du nucléaire.
Il a été indiqué que les pratiques développées en Pologne et au Maroc sont souvent complémentaires, ce qui crée une base solide pour renforcer la coopération dans les prochaines années.